2019 a été une année particulière pour Obeo. Nous avons décidé d’arrêter les goodies et pensons que cela vous concerne aussi. Pourquoi ? Accrochez-vous deux minutes, vous aurez la réponse.
Un petit point de contexte tout d’abord. Obeo est une société éditrice de logiciels B2B spécialisée dans les technologies de modélisation graphique Open Source. Bon là, normalement, j’ai perdu la plupart d’entre vous. Pourtant, il y a un mot-clé qui explique beaucoup de choses : ”Open Source”. Kesako ? Partons d’une définition consensuelle (oui je sais...Wikipedia) : “Un logiciel open source est un type de logiciel dans lequel le code source est publié sous une licence dans laquelle le détenteur des droits d'auteur accorde aux utilisateurs le droit d'étudier, de modifier et de distribuer le logiciel à qui que ce soit et à n'importe quelle fin”. A priori, pas la façon la plus simple de faire du business.
“Mais du coup, comment faites-vous pour payer vos salariés ?”
L’Open Source, c’est le choix qu’a fait Obeo à sa création, il y a 14 ans. Membre stratégique de la Fondation Eclipse, la majorité de nos projets sont Open Source. Comment grandir commercialement quand les technos sont accessibles gratuitement ? En vendant du service, des extensions payantes, des accompagnements et projets sur mesure pour les clients, via la software assurance etc. [Spoiler : ça marche !]
Avant cela, il faut se faire connaître, connaître et encore connaître. Plus il y aura d’utilisateurs curieux, plus il y aura d’utilisateurs payants.
En conséquence, Obeo participe (et organise) chaque année une vingtaine d’événements tech. Et c’est là le problème. A chaque conférence, son tote bag (vous savez ce sac en coton pas si ecolo-friendly) pré rempli de goodies. Sur chaque stand, ce tote bag va encore s'alourdir avec des clés USB, porte clés, stickers, stylos, badges, lunettes gadget, hamac pour pieds (si si, ça existe)... Bref, vous repartez chez vous avec un tote bag plein de déchets plastiques en devenir.
La qualité des objets publicitaires en question
En tant que responsable communication, je suis en charge de l’organisation des événements et donc aussi de la gestion des goodies. Quel est leur impact commercial versus leur impact écologique ? Leur qualité étant souvent plus que médiocre, au mieux, le détenteur les utilise un peu ou on les donne, au pire il les jette rapidement.
Résumons : nous avons là des objets en plastique qui ont traversé la moitié de la planète, qui sont constitués de matières non recyclables, et qui se retrouvent quasi aussi sec dans la poubelle. Où est la cohérence et le sens de tout cela ?
Convaincre votre entreprise d’arrêter les goodies
Pour moi, décision était prise d’arrêter les goodies. Ne restait plus qu’à convaincre en interne, la direction et le service commercial.
La réduction indispensable des déchets plastiques et de la pollution qu’ils génèrent est unanimement partagée en interne. C’est un acquis. Mais je voulais aussi apporter des arguments factuels, liés à l’intérêt direct de l’entreprise :
- L’image de marque Est-il positif d’associer l’image de Obeo, une entreprise réputée pour son expertise et sa technicité, à des gadgets inutiles et de mauvaise qualité ? Non, c’est même contre-productif.
- La réalité du levier commercial Un client a-t-il déjà signé en nous disant “ah oui je me rappelle de vous grâce à votre porte-téléphone, et du coup, c’est avec vous que je veux contractualiser” ? Réponse là encore : non.
- Nos valeurs internes Quelle est l’adéquation entre ces goodies gadget et les valeurs portées par les collaborateurs et nos futurs collaborateurs ? On voit déjà l’amorce d’un changement sur les salons, encore localement sur Nantes, moins de goodies au Web2Day 2019, des stands avec d’autres propositions comme au DevFest Nantes où certains exposants avaient des espaces de vote pour soutenir des associations en lieu et place des goodies… La prise de conscience prend de l’ampleur portée par les collaborateurs des entreprises. A nous d’agir en cohérence.
- Les attentes de nos prospects Les appels d’offres comportent de plus en plus de conditions relatives à la responsabilité sociétale de l’entreprise. Les prospects et les clients accordent un poids croissant aux actions concrètes en faveur d’une meilleure prise en compte de l’humain et de la planète.
- L’évolution législative Le législateur a récemment fait interdire certains plastiques à usage unique. Anticipons le changement ; il est inévitable et attendu. Soyons leaders plutôt que suiveurs.
Faire mieux et différemment
Plutôt que d’arrêter purement et simplement cette (mauvaise) habitude marketing des goodies, nous avons proposé de soutenir une association. Une décision blanche niveau budget puisque nous transférons pendant 5 ans, le budget autrefois alloué aux objets publicitaires à l’association The SeaCleaners dans le cadre d’un mécénat. Cette association basée à La Turballe est dédiée à la réduction de la pollution plastique sur terre et en mer. Vous n'avez pas pu rater leur récente collaboration avec le groupe Elmer Food Beat avec une revisite (extra par ailleurs) de leur mythique "Le plastique, c'est fantastique", en version "Le plastique, c'est dramatique". Allez, c'est cadeau !
Le combat de The Sea Cleaners prend notamment forme via la construction du Manta. Ce magnifique multicoque réalisera à partir de 2022 des campagnes de récupération des déchets plastiques directement à l’une de leurs principales sources, c’est-à-dire à l’embouchure des fleuves. Les déchets seront triés et revalorisés directement à bord ; l’équipe animera aussi des actions pédagogiques visant à sensibiliser les populations locales. Bonus : les plans du Manta seront mis en Open Source afin que cette initiative se diffuse. Et ça forcément si vous avez suivi, ça compte beaucoup pour nous !
Désormais, sur nos stands, nous affichons notre soutien à The SeaCleaners et expliquons l’absence de goodies.
Résultat : l’accueil des participants est très positif.
Le soutien à The SeaCleaners a aussi été très bien perçu en interne. Chez Obeo, nous sommes fiers d’apporter cette petite pierre à la lutte contre la pollution plastique. Si l’impact d’une action individuelle est limité, c’est la somme de tous ces petits gestes qui va compter.
L’arrêt des goodies est une (petite) étape, conduite en toute humilité et qui appelle à nous remettre plus généralement en question. C’est un symbole avant tout : nous, Obeo, entreprise tech avons décidé d’arrêter de distribuer à torts et à travers des objets publicitaires. Pour autant, nous avons bien conscience que la principale problématique de la stratégie événementielle (salons, conférences, séminaires, ...), c’est l’impact carbone du déplacement des équipes.
Là aussi, nous essayons d’avancer pas après pas. En étant plus stratégique sur nos choix de déplacements, et en limitant les équipes sur place, ou encore en organisant des évènements en ligne plutôt que physiques (comme par exemple, SiriusCon). Une illustration parmi d’autres : en trois ans, nous avons touché plus de 1000 personnes de par le monde grâce aux webinaires Capella.
Beaucoup reste à faire chez Obeo pour réduire notre empreinte écologique. Une réflexion est d’ailleurs menée en interne avec tous les salariés. 2020 verra d’autres actions naître, c’est certain.