Cette année encore, plusieurs de nos collègues ont participé au DevFest Nantes, l’un des plus grands rendez-vous francophones dédiés aux développeurs. Entre conférences, ateliers et découvertes, ils nous partagent leurs impressions sur une édition 2025 résolument marquée par l’intelligence artificielle (un peu trop ?).

Une édition dominée par l’intelligence artificielle
Difficile de passer à côté : l’IA était omniprésente. Des stands aux conférences, presque tout gravitait autour de ce thème. Si certains ont trouvé que le sujet mériterait un peu plus de diversité à l’avenir, beaucoup ont salué la richesse des échanges et la qualité des intervenants.
Parmi les conférences marquantes, “From RAG to riches : les secrets des LLM augmentés par la donnée” a offert une synthèse claire des approches RAG, en soulignant l’importance de l’observabilité et des outils comme Langfuse ou Langtrace.
“The Developer RenAIssance: The Humans Powering the Age of AI” a quant à elle proposé une réflexion inspirante sur la place du développeur à l’ère de l’IA, soulignant la transition du “codeur” vers le “réarchitecte” du code généré.
D’autres talks, comme “Agents intelligents, la nouvelle frontière des LLMs” ou “Abracadabra ! Donnez vie à vos idées avec Google AI Studio”, ont mis en avant les nouveaux outils proposés par Google pour explorer les modèles d’IA en Europe.
Enfin, “Breaking IA: Live coding and hacking with generative IA”, présenté par Brian Vermeer, a marqué les esprits par sa démonstration percutante des failles de sécurité dans le code généré automatiquement (SQL Injection, Path Traversal, etc.) et les bonnes pratiques pour les prévenir avec des outils comme Snyk ou Redshift.
« L’IA ne remplacera pas les développeurs, mais redéfinit profondément notre manière de travailler », résume Walid Bilem.
Des ateliers immersifs et ludiques
Les workshops ont été une vraie réussite, particulièrement ceux dédiés à la pratique de l’IA. L’année dernière, le thème dominant était le RAG ; cette fois, place à la programmation d’IA agentique et à l’utilisation des MCP (Model Context Protocol).
Plusieurs ateliers tournaient autour de cette idée, notamment ceux d’Amazon avec Strands et de Google avec ADK (Agent Development Kit). Tous deux proposaient de concevoir des agents capables de se répartir les tâches et de collaborer via un serveur A2A. Thibault Béziers de la Fosse a particulièrement apprécié la richesse de l’interface d’ADK, qui permet de visualiser les échanges entre agents et les appels vers les serveurs MCP : “c’est très agréable pour développer et débugger”.
L’un des ateliers les plus marquants fut celui sur la création d’un jeu de rôle en Agentic AI et MCP, salué pour sa mise en scène immersive et sa qualité pédagogique.
D’autres sessions, comme celle sur Cursor AI (ou comment transformer un IDE en véritable assistant “sous stéroïdes”) ont permis d’expérimenter la génération de code à partir de maquettes Figma via un serveur MCP. Si les résultats restaient parfois perfectibles, ces ateliers ont permis d’explorer des scénarios concrets d’intégration IA.
Le concept de “vibe coding” a également suscité la curiosité : générer un site ou une application à partir d’un simple design en ligne. Thibault souligne avoir testé l’expérience avec Cursor puis avec Firebase Studio, ce dernier offrant selon lui des résultats bien plus convaincants pour du prototypage rapide.
Enfin, un autre atelier marquant : “Attaque et défense au royaume des LLM”, où les participants ont découvert les mécanismes d’attaque et de protection de chatbots (prompt injection, metaprompt extraction, multiturn attacks…). L’ambiance était ludique et compétitive, un véritable “Capture the Flag” avec Walid pour savoir qui casserait le plus vite son chatbot ! Les outils Gandalf, Garak et PyRit ont notamment été mis en avant pour tester la robustesse des modèles.
Ces ateliers, bien qu’inégaux selon les intervenants, ont tous favorisé une approche concrète et pédagogique des usages de l’IA en développement.
Entre technique et créativité : un foisonnement de talks inspirants
Au-delà de l’IA, nos collègues ont aussi exploré d’autres univers techniques et créatifs.
Le talk “OpenRewrite: Refactor as Code” a séduit par sa capacité à automatiser les refactorings complexes via un système de “recettes” réutilisables.
“45 minutes pour mettre son application à genoux” a été largement plébiscité pour sa présentation claire de l’outil Gatling, idéal pour les tests de charge web et API.
Les conférences “Design First : OpenAPI et AsyncAPI en action” et “Quand le Terminal dévore la UI” ont offert un bon aperçu des tendances récentes côté outils et frameworks, tandis que “JBang, un fichier Java pour les gouverner tous ?” a rappelé l’intérêt du scripting Java pour des usages simples.
Certains talks se sont démarqués par leur originalité :
- “La science-fiction peut-elle s’implémenter positivement ?” : une réflexion mêlant technologie, éthique et imagination.
- “Alice aux pays du gambling” : un regard lucide sur les mécanismes addictifs dans les jeux vidéo.
- “Quantum Computing in Practice” : une démystification de l’informatique quantique et de ses usages concrets dans l’industrie.
- “Silence… Ça tourne !” : un récit inspirant autour d’un projet de suivi des tortues en Australie.
Une ambiance toujours unique
Le DevFest Nantes, c’est aussi une atmosphère que beaucoup nous envient. Le thème de cette année, inspiré des jeux de rôle, a séduit par sa créativité : stands immersifs, décors travaillés et animations originales. Les participants ont apprécié la fluidité de l’organisation : accès rapide, signalétique claire, traiteur efficace malgré la foule… Un sans-faute logistique.
Côté social, la soirée du jeudi a toutefois divisé : certains ont regretté l’absence de groupe live ou d’activités marquantes, remplacés par un simple DJ. Mais tout le monde s’accorde à dire que la keynote de clôture, animée par une troupe d’improvisation, a clôturé l’événement dans la bonne humeur.
Bilan collectif et impressions
Cette édition du DevFest Nantes a une nouvelle fois tenu ses promesses : des speakers de haut niveau, des ateliers innovants et une ambiance conviviale. Si l’IA était omniprésente, elle a aussi permis d’explorer de nouvelles pratiques de développement, plus collaboratives, plus visuelles et plus critiques.
Tous les participants reviennent avec de nouvelles idées, l’envie de tester des outils, et surtout, le plaisir d’avoir partagé deux jours intenses avec la communauté.
Un grand merci à Thibault Béziers la Fosse, Walid Bilem, Vincent Boussaud, Laurent Goubet et Raphaël Pagé pour leurs retours riches et enthousiastes !