Mercredi 3 novembre, j'ai eu l'honneur de rencontrer Yvan Bourgnon, célèbre skipper et Président de l'association The SeaCleaners, à l’occasion de la Transat Jacques Vabre au Havre.
À l'invitation de notre partenaire The SeaCleaners, je me suis rendue sur la Transat Jacques Vabre pour rencontrer Yvan Bourgnon (qui avait pris le départ de la course le dimanche suivant). Il a parlé avec passion de son voilier, de ses courses et de ses voyages, mais aussi de sa prise de conscience de la pollution des eaux.
Yvan Bourgnon est skipper depuis son plus jeune âge et a un très beau palmarès, avec plusieurs victoires à son compteur. Mais il ne compte pas s'arrêter là puisqu'il est en ce moment sur le point de partir en mer pour la Transat Jacques Vabre à bord de l’Ocean Fifty GCA – 1001 sourires avec son coéquipier Gilles Lamiré.
C'est d'ailleurs un bateau miraculé, à bord duquel ces deux mêmes skippers avaient percuté un conteneur et dû abandonner en 2015.
« Lors des courses, il y a régulièrement des aléas techniques, du matériel qui casse et qu'il faut réparer. On peut heurter des choses naturelles en mer, faire face aux intempéries, cela fait partie de la course. Mais quand on cogne des débris, des déchets jetés par les humains, on se dit que ce n'est pas normal. C’est comme si on mettait un bâton devant les jambes d’Usain Bolt en pleine finale du 100m, il ne trouverait pas cela juste. »
Lors de cet incident en 2015, cela a été un électrochoc pour Yvan qui a décidé de passer à l'action pour lutter contre la pollution des eaux (mers, océans, fleuves...). Il a créé l'association The SeaCleaners en 2016 avec pour objectif la conception du Manta, le premier bateau-usine capable de collecter, trier manuellement et valoriser les déchets grâce à une unité de conversion énergétique par pyrolyse pour nettoyer les océans.
Deux petits bateaux collecteurs de plastiques, les Mobula 8 et 10 sont également à l'étude pour être embarqués sur le Manta afin de faciliter la collecte des déchets, qui seront ensuite triés et traités par le mécanisme de dépollution installé à bord. Ces bateaux permettront notamment d'agir plus efficacement à l'embouchure des fleuves.
En effet, les 11 fleuves les plus pollués par le plastique représentent à eux seuls 80% de la pollution des eaux sur Terre :
- le Yangtze,
- le fleuve Jaune,
- l'Hai He,
- le Zhu Jiang,
- l'Indus,
- le fleuve Amour,
- le Mékong,
- le Gange,
- le Nil,
- le Niger,
- l'Amazone
Après une première collaboration entre Obeo, The SeaCleaners et Altran afin de travailler sur l'éco-conception du Manta, le projet collaboratif EcoPlex vient de démarrer avec le renfort de trois autres partenaires, pour poursuivre le développement d'une démarche et d'un logiciel d'éco-conception. Les Mobula 8 et 10 feront partie des cas d'étude pour ce projet.
Au travers de la construction de ces bateaux, The SeaCleaners vise deux actions principales :
- nettoyer ces fleuves pour éviter que les déchets se retrouvent au large,
- sensibiliser les populations locales pour éviter que cela continue.
Car quand on demande combien de bateaux comme le Manta il faudrait pour nettoyer les déchets, il répond qu’il en faudrait au moins une centaine et que ça ne suffirait pas pour faire disparaître ce "7e continent". D'ailleurs il précise que le 7e continent est une façon de parler des médias pour mesurer l'ampleur de la catastrophe, mais que les déchets ne constituent pas un seul bloc, ils sont répartis un peu partout dans le monde.
Yvan Bourgnon conclut “C’est d’ailleurs ce qui complique la tâche, il faut agir sur toute la planète et éveiller les consciences dans toutes les populations auprès de toutes les générations, mais bien évidemment les plus jeunes en priorité, car ce sont elles l’avenir”.